Dans le fin fond des geoles impériales

Spike se laissa tomber lourdement sur le sol du couloir. Un « [i]Crack ![/i] » sonore de mauvaise augure retentit et le jeune pilote de chasse comprit aussitôt que son épaule gauche venait de se fracturer. Spike se demanda dans quel état il allait laisser son corps quand lui viendrait enfin l’heure de quitter cette Galaxie. Il pouvait déjà faire une croix sur le fait de le donner à la science. Jamais elle n’en voudrait !
Un sas s’ouvrit à quelques mètres devant lui et Spike sentit de suite un souffle d’air frais sur le visage. L’air certes vicié des bas-fonds de Coruscant mais de l’air non recyclé. Il fit donc un effort surhumain pour se relever et arriva à quatre pattes au niveau du sas plongeant vers un vide de plus d’une dizaine de mètres. Un airspeeder mal assuré arriva sur les lieux, heurta violemment le mur et ouvrit sa portière. Spike s’y engouffra sans réfléchi et le speeder, après une manœuvre bien difficile, repartit en zigzagant dangereusement entre les bases des building.

Les ingénieurs parvenaient enfin à rétablir une partie du courant. Une nouvelle sonnerie d’alarme résonna dans les couloirs : « Ouverture anormale de la sortie 12C - niveau 4 ».
VICE se précipita immédiatement sur place.

Lorsqu’il arriva sur place, il vit un speeder, certainement piloté par un alcoolique, qui s’éloignait… Trop tard ! De rage, VICE arracha l’arme du StormTrooper qui tentait désespérément d’atteindre le speeder déjà hors de portée.
- On ne vous a pas appris à réfléchir dans l’armée ? Vous devriez déjà avoir prévenu le contrôle spatial de Coruscant et fait envoyer deux escouades de chasseurs Tie !
- Pour un seul prisonnier évadé, Sir ? Euh… oui. Très bien, Sur, j’y vais…
Le soldat partit au pas de course, évitant de s’attarder.

Une nouvelle voix retentit dans les hauts-parleurs de la base :
« Le général Van Dred est en approche et demande autorisation de se poser. ». Quelle idée avait-il d’être en avance, celui-là ! VICE repartit vers le centre de commandes.

Spike était ballotté d’un côté et de l’autre à l’intérieur du speeder délabré. C’était à se demander si le pilote ne le faisait pas exprès. Spike commençait presque à en regretter la table de torture.

Il se redressa difficilement en s’accrochant à un bout de tôle décroché du siège avant. Ce qu’il aperçut le convainquit qu’il était en train de rêver : Postée devant un volant plus haut qu’elle, Ed pilotait en poussant d’inquiétants « Vroum ! » et autres onomatopées, comme si cela était indispensable au bon fonctionnement de l’appareil.

Des jours ou des semaines plus tôt:

[Flashback]

Ed faisait le compte de sa journée. Les points positifs et les points négatifs. Ed aimait bien commencer par les points positifs, comme ça, s'il y en avait beaucoup, il ne restait plus de temps pour voir les points négatifs et donc tout allait bien.

D'abord les positifs, elle s'était bien amusée, elle s'était assise à la place du pilote dans le Black Peeper, même si Litéa (le capitaine) lui avait toujours interdit. Elle avait fait décoller et piloté le Black Peeper à travers Coruscant même si Litéa lui avait toujours interdit. Elle avait fait feu avec le canon principal du Black Pepper, même si Litéa lui avait toujours interdit. Et tout ça avec l'aide d'I-pyu, son fidèle droïde-ordinateur et ami de toujours. Et par-dessus tout, elle ne s'était même pas faite gronder pour ça!

Malgrés ces points positifs, Ed savait que cette fois-ci, elle se devait de considérer aussi les points négatifs. D'abord elle était toute seule... plus aucune trace des autres. Ensuite, Spike n'était plus à ses cotés. (toute la rhétorique de la galaxie n'aurait pas suffit à convaincre Ed de la redondance des deux premiers points). Et enfin le pire, elle avait eu tellement peur qu'elle avait avoué son plus gros secret à Spike : c'était elle et non Ein qui avait volé et mangé ses yoghourts Sélonnien que le jeune homme adorait par dessus tout. Elle aurait pu ajouter à cette liste le crash de l'espadon, le vaisseau de Spike mais après tout, ça n'était que la seizième fois cette année.

Satisfaite de son introspection, elle se dit qu'il était temps de dormir et se coucha à même le sol. Elle se trouvait dans les bas-fonds de Coruscent. Personne ne vint lui chercher des ennuis. Elle portait pourtant sur elle son ordinateur qui valait plusieurs centaines de milliers de crédits, il faut dire qu'il ressemblait plus à une console de jeu pour enfant qu'à un droïde pirate informatique.

Le lendemain, elle partit à la recherche de Spike. Rien de plus facile, il suffisait de suivre le tracer qu'elle avait placé dans la poche de son pantalon. Spike n'ayant pas de tenue de rechange, elle savait que pour le trouver, il suffisait de trouver son pantalon. Il ne le quittait que dans la salle des machines à laver du Black Peeper et restait en caleçon à attendre que ses habits soient lavés et séchés. Ed aimait bien le voir pendant ces moments-là et ne les manquait jamais. Elle s'asseyait exprès sur la machine à laver pour obliger Spike à raler, elle lui volait ainsi un peu de son attention.

Plus tard dans l'après midi, le signal se stabilisa. "Cool il s'est enfin arrêté de marcher" se dit-elle. Elle s'approcha au maximum et déploya I-Pyu. Elle détrourna une borne informatique proche pour attaquer le système en surface. Cela semblait être une prison... Ed s'introduisit sans mal dans le système informatique et le sonda rapidement. C'était trop facile, elle pouvait faire ce qu'elle voulait. Elle consulta la liste des entrée des nouveaux prisonniers et en trouva une qui correspondait à Spike. Il lui suffisait de produire un faux ordre de grâce venant de n'importe quel personne haut placée et cela provoquerait assez de confusion pour permettre au jeune homme de mettre la prison à feu et à sang. Elle allait s'exécuter lorsque son ventre se mit à gronder. Elle n'avait rien manger depuis hier matin.

"Attend un peu Spikou, je vais manger et je reviens" lança-t-elle et elle remonta un peu pour trouver un distributeur de barette de crédit. Un branchement et trente secondes plus tard, une barette de mille crédit tombait de la machine. Elle se précipita ensuite vers le premier vendeur de nourriture et lui tendit la barre de crédit enmontrant le plus gros sandwich en vitrine. L'homme rit et lui tendit la monnaie, Ed s'insurgea : "Range ta cacaille, je veux pas de ça, moi je veux manger!". Le vendeur était un brave homme et il proposa de revenir manger ce soir si elle avait faim.

Ed allait terminer son sandwich à grande bouchée lorsqu'elle fut interrompue par les bips d'I-pyu. Le signal de Spike venait de s'éteindre. "Hoyoo, il a enlevé son pantalon??" se dit-elle? "C'est tout Spike de faire de la lessive à ce moment là!"

Elle se remit à la tâche et consulta les log des caméra de surveillance. La prison était toute petite et inoccupée, juste des gardes. Elle aperçu brièvement deux molosse emmenant ce qui pouvait être Spike dans une pièce sans caméra. Spike n'était jamais ressorti. Ed consulta les plans de l'immeuble et constata une différence flagrante entre les images et les plans. La petite prison n'était qu'une couverture, elle avait été aménagée pour avoir une partie pouvant apparaître légale et cachait des souterrains bien plus sordides. Le système informatique était monté pareil, cracker la sécurité souterraine allait prendre plus de temps.

Plusieurs jours avaient passés, Ed s'était lié d'amitié avec le vendeur de Sandwich, il était de ceux qui ne posaient pas de question. Elle dormait à même le sol de sa boutique mais ne demandait pas plus. Ed travaillait toute la journée à la libération de Spike. Ses recherche étaient fructueuse, la prison ayant été aménagée dans les souterrains, elle avait découvert un réseau de galleries menant à la prison. Elles avaient été bouchées par des murs en béton renforcé mais les années de mauvais entretien avaient rongé les fortifications par endroit.

A suivre...

- Ed !!! Mais qu'est-ce que tu fais là ? Où est Litea ?
Spike n'en revenait pas. Il se demandait même s'il n'aurait pas mieux valu pour sa sécurité qu'il reste dans la prison... Le speeder défiait toutes les lois de gravité et si Ed pilotait, ce n'était très certainement pas avec le consentement de Litea.
L'ex-capitaine du Black Pepper avait-elle quitté la planète en catastrophe, abandonnant sur place son appareil ainsi que la petite Ed ? Et comment cette gamine déconnectée de la réalité avait-elle pu survivre ainsi seule sur cette ville-planète ?

Ed n'avait pas répondu. Perdue dans ses pensées, elle pilotait le speeder comme dans un jeu video... A ceci pret que là, dans la realité, le speeder comme ses occupants n'avaient qu'une seule vie !
- ED ! reprit Spike. Où est-ce que tu nous emmènes comme ça ?

Suite du flashback de Ed

Ed avait remarqué qu'il existait deux types de population dans les bas-fonds. Ceux qui étaient gentils, et les autres. D'habitude, Ed préférait les gens gentils mais là, elle s'était intéressé à l'autre catégorie parce qu'ils étaient en général plus fort et bien armés. Elle avait remarqué à qu'ils étaient regroupés en bandes et qu'il valait mieux ne pas croiser leur chemin.
Néanmoins, ces groupes étaient facilement manipulables grâce à l'information. Les rumeurs se propageaient vites dans les bas-fonds en étant au passage déformée et amplifiées. Il fallait trouver une raison pour qu'ils attaquent la prison. Ed émit un faux rapport de commande d'épices rares ayant pour lieu de stockage la fameuse prison souterraine. C'était un peu gros mais ça devrait suffire. Elle envoya le rapport avec plusieurs trous béants dans la sécurité informatique de telle sorte que le dernier des pirates des résaux de coruscant puisse y accéder. Elle fixa la date du 13 pour lui prter chance avant de se rendre compte que le prochain 13 du mois n'arriverait que dans 30 jours... Mais peu importe si Spike devait rester un peu plus longtemps en prison. "Il doit se prélasser au chaud alors que moi j'ai froid ici" se disait-elle. Les trentes jours passèrent assez vite. La rumeur initiée par Ed se propagea assez vite et on parla vite de l'arrivée de tonne de trésors dans le bâtiment.
La dernière phase du plan consistait à trouver un moyen de locomotion pour sortir Spike de sa prison. Ed repéra l'engin parfait. Il s'agissait d'un petit speeder, assez pratique pour les déplacement rapides mais surtout très classe. Sa couleur était rose fluo. Un néon bleu était attaché en dessous, il projettait une lumière si intence qu'il était impossible de passer inaperçu.
"ça sera parfait, j'espère que Spikouuu va aimer mon nouveau bolide".

Le speeder était dernier cri, avec démarrage par clé-electronique. Ed n'eut aucun mal à pénetrer le système et à subtiliser l'engin. La fuite fut assez folklorique. Ed se concentrait au maximum sur le pilotage. Il faut dire qu'elle n'avait jamais piloté de speeder autre part que sur un jeu vidéo.

Elle passa les jours suivant à s'entrainer au pilotage. Elle s'améliorait assez vite! En fait, c'était plutot I-pyu, qui, désireux de sauvgarder sa petite maitresse devint un as du rattrappage des coups de guidon violents caractéristiques de la conduite de Ed.

La veille du jour J, le quartier se mit à grouiller se monde. Les gangs locaux ou de simples aventuriers avides de richesses s'étaient donnés rendez-vous sur la simple rumeur. Un assaut complètement désordonné fut donné sur la prison. Les murs en béton abimés par le temps ne résistèrent pas longtemps aux explosifs de fortune des assaillants. Le chaos total régnait, des tirs de blaster commençaient à fuser dans tous les sens. Ed enfourcha son bolide et s'approcha d'un trou béant qui devait mener aux cellules d'après les plans. Elle pouvait entendre au loin les grondements de la bataille. Ed trouva les cables du réseau infromatique, fit une dérivation et se bracha sur le réseau de surveillance, du moins ce qu'il en restait. Elle pu constater que les assallants avaient atteint les cellules, y compris ce qui devait être le quartier de haute sécurité. Ed conduit tant bien que mal son bolide pour se rapprocher au maximum de l'endroit. Spike ne devait plus être loin. Elle avait raison, elle aperçut Spike qui rampait sur le sol et s'engouffrait dans un conduit. Ed cria de joie. Elle avait retrouvé son ami. Elle consulta le plan pour voir où débouchait le conduit et démarra le speeder en trombe. Elle arriva à un sas qui donnait sur les bas-fonds. Ed criait "Spiiiikou, où es-tu??? Où te caches tu???". I-pyu avait remplécé ses bips caractéristiques par un enregistement, ce qui donnait un son métallique. Spike devait être de l'autre coté. Elle enclancha la commande d'ouverture.

Spike se trouvait là... vivant, amoché mais vivant. Il rempa jusqu'au speeder, Ed ouvrit la porte et le jeune homme s'engrouffra dans l'engin. Ed était heureuse. Elle partit en trombe pour s'éloigner de la prison.

- Ed !!! Mais qu'est-ce que tu fais là ? Où est Litea ?
- Hihihih, moi je suis super content de te revoir Spikkkkkou, tu as vu mon bolide, il est beau non?
- ED ! reprit Spike. Où est-ce que tu nous emmènes comme ça ?
- Manger des Sandwich! Allez c'est parti!!!

Au loin, on ne distingait plus la prison, le speeder s'enfonçait dans le bas fonds.

[/FLASHBACK]
Fin du flashback de Ed

Spike reprenait difficilement ses esprits. Il avait pu, tant bien que mal, se glisser jusqu’à l’avant du speeder… et se demandait s’il avait bien fait… On voyait beaucoup mieux des sièges avant à quel point le speeder passait beaucoup trop prêt des murs.
- Mais arrête-toi, Ed ! s’égosillait le pauvre Spike.

Spike n’aurait très certainement pas conduit plus prudemment que la petite Ed mais, au moins, c’était lui qui pilotait, preuve irréfutable que chacune des trajectoires était parfaitement calculée. En attendant, les remarques et conseils de Spike rebondissaient sur le crâne de la petite Ed sans vouloir avoir un quelconque effet… Et à chacune de ses remarques, Spike avait l’impression de se retrouver à la place de la Litea, en train de lui rabâcher les oreilles… Un comble pour le pilote téméraire.

Spike commençait à se sentir un peu coupable d’agir ainsi, quand le pilotage d’Ed lui donna malheureusement raison. Le speeder heurta une première fois le sol, avant d’utiliser une série de bennes à ordures en guise de freins. Dans un vacarme assourdissant, le speeder finit par s’arrêter. Spike, qui venait de se heurter contre le pare-brise en était maintenant sûr, il était mieux dans sa cellule.
- Voilà ! On est arrêté ! conclue Ed, tout sourire.
Spike regarda par la vitre du speeder mais n’aperçut qu’un immense tas d’immondices recouvrant l’appareil. Il se laissa finalement retomber dans son siège, sans un mot.

Ils restèrent là un long moment, tous les deux. Au dehors, le son des sirènes commencèrent à se disperser.
Spike, épuisé, avait sombré inconscient.
Puisque Spike était décidé à dormir, Ed se mit à pianoter sur I-pyu. Après une trentaine de minutes plongée dans son écran à pousser des sons aussi inattendus que saugrenus, Ed se leva, son ordi posé sur son épaisse touffe de cheveux. Elle se fraya difficilement un chemin à travers les ordures amassées sur le speeder puis s’en alla tout en pianotant à travers les rues.
Quelques heures plus tard, une odeur perfide vint titiller les narines de Spike et le réveilla. Ed avait disparu et laisser sa porte ouverte. Les ordures s’étaient donc tranquillement étalées sur le siège.
Spike regarda dans la boite à gant et apprécia d’y trouver un pistolet blaster. Il n’était pas de la qualité de son Sek-3 mais c’était toujours mieux que moi. Le jeune pilote sortit à son tour et observa les alentours. Il faisait sombre, les niveaux habités étaient bien loin au-dessus.

Les affaires n’allaient pas pour le mieux. L’assaut avait finalement noyé dans le sang, comme il se devait mais trop tard. VICE ne savait toujours pas comment mais ce maudit Spike avait réussi à se faire la malle. Se pouvait-il qu’il ait eu une quelconque aide extérieure ? Lui, un solitaire pur et dur !
Le bon côté des choses, c’est que, puisque Spike n’avait pas été déclaré à l’administration pénitentiaire impériale, aucun prisonnier ne s’était officiellement évadé. D’ailleurs, en plus de VICE, seulement deux soldats et un mécanicien étaient au courant de ce « client ». Bah, ça ne ferait que trois morts de plus dans les statistiques officielles de l’attaque, dont Vice allait s’occuper personnellement. A tout le moins, cela passerait son énervement…

Cette basse besogne exécutée, il arriva, en retard à son rendez-vous avec le Général Van Dred. Celui-ci, le visage autoritaire de l’homme intransigeant, fulminait. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’arrivée de VICE n’améliora pas son humeur :
- J’attends des explications ! explosa le Général. Que s’est-il passé dans cet établissement ?Ce fut une voix froide et méprisante qui répondit sans respect au Général.
- Que croyez-vous, mon Général ? Il faut bien que toute la lie de cette société, que l’armée n’arrive ni à contrôler ni à éradiquer, vienne se défouler quelque part ! Viendriez-vous ici me présenter vos excuses pour ne pas avoir su prévenir cette attaque ?
Le visage de Van Dred perdit encore un peu plus contenance, si cela était possible.
- Vous avez tort de jouer ainsi avec la hiérarchie, VICE ! Votre statut d’officier du BSI ne vous donne pas tous les droits et croyez-bien que je ferai un rapport sur cette attaque et lorsque vous devrez en répondre, sachez que je serai au premier rang des témoins !
- Et bien faites, mon Général, faites ! Sergent, veillez à ce que Monsieur le Général Van Dred puisse enquêter à son aise. Je dois vous quitter, je suis une enquête d’importance qui ne me donne pas loisir de rester ici.

Sans se soucier ni écouter les exclamations du Général derrière lui, VICE quittait déjà le centre de contrôle de la prison. Cet imbécile aussi borné que galonné lui avait fait perdre beaucoup de temps. Spike devait déjà être loin. Mais il ne serait pas dit qu’il pourrait s’en sortir ainsi…

Spike était sorti du speeder et s’était assis sur le sol, dans l’ombre, un peu plus loin.
Bien, l’heure était peut-être venue de faire le point : Spike avait pu être libéré des geôles et, même s’il ne l’avouerait jamais à haute voix, surtout devant la petite Ed, il lui devait beaucoup. Cela dit, sa conduite de speeder était pour le moins perfectible et sa jolie couleur rose fluo risquait fort d’être entachée. Spike se souvenait maintenant pourquoi il lui avait toujours formellement interdit de s’approcher à moins de 2 mètres de son Spike Fighter…

D’ailleurs où était-il son chasseur ? Spike avait beau être sorti de prison, il avait du mal à se persuadé que sa situation s’était améliorée. Il ne savait pas où était resté son appareil, qui ne devait sûrement pas être en meilleur état après son séjour dans les bas-fonds de la capitale. Il ne savait pas où étaient Litea. Il avait perdu, peut-être définitivement, la trace de Julia. Il ne savait même pas exactement où il se trouvait lui-même ! La seule personne qu’il avait retrouvée (à moins que ce ne fut l’inverse) était la petite Ed… et encore, elle avait de nouveau disparu. Etait-ce un bien ou un mal ? Spike se posait encore la question.

Il y avait cependant plus urgent : même si les impériaux ne semblaient pas poursuivre les recherches dans ce secteur, Spike en connaissait au moins un qui ne lâcherait pas prise. Vice n’était certainement pas du genre à laisser ainsi partir son ancien frère d’arme !

Spike fut interrompu dans ses sombres pensées par un bruit sourd : son ventre venait de gargouiller. Spike se souvint qu’il n’avait pas vraiment mangé depuis… Depuis combien de temps ? Beaucoup trop longtemps, en tout cas.

VICE arriva dans le maigre hangar de la prison. Il lui fallait un appareil. Les chasseurs impériaux avaient patrouillé autour des bâtiments pénitentiaires mais sans insister. Aucun prisonnier ne s’était officiellement évadé. Autant dire que Spike courrait toujours. Et VICE connaissait bien ce téméraire. Affaibli comme il l’était, il serait malgré tout capable de se mettre à une bonne distance de la prison. L’essentiel était de l’empêcher de quitter la planète. Spike ne disposerait pas de beaucoup d’appuis dans le cœur de l’Empire. Il était d’ailleurs toujours recherché par l’administration impériale. Mais méfiance, la bête acculée et blessée était souvent beaucoup plus dangereuse !

VICE signa rapidement un formulaire au responsable du hangar et monta à bord d’un des chasseurs Tie. Piloter n’était pas son fort mais cela lui rappellerait la belle époque, celle où il faisait équipe avec Spike…

Spike était maintenant debout. Il venait de se trouver un objectif clair à très court terme : trouver de quoi manger. Par contre, il était toujours perdu dans le fin fonds des bas-fonds de Coruscant, avec pour seul repère un immense tas de déchets à quelques mètres à peine de lui. Par où s’orienter ? Si seulement il en avait une quelconque idée…
Comme pour répondre à ses attentes des jappements retentirent au loin. Le son très caractéristique d’un Welsh Corgy ! Spike rafermit sa prise sur le pistolet blaster qu’il avait trouvé et se dirigea au pas de course en direction de l’animal. Au détour d’une ruelle sale, ses jambes se heurtèrent à la créature.
- Ein !, s’exclama le jeune pilote en se relevant. Ca me fait tellement plaisir de te voir !

Puis, réalisant ce qu’il venait de dire, il se reprit :
- Oublie ce que je viens de dire, je n’ai jamais pu supporter ta carcasse pleine de poil. Tu en fais un vacarme ! Si au moins tu pouvais me dire où je peux trouver à manger ou où est mon chasseur !
- Waf ! répondit Ein, comme s’il comprenait.
Il repartit de suite en courant dans la direction opposée. Spike courut à sa suite :
- Arrête, stupide animal ! Reste ici, je ne pensais pas ce que j’ai dit !

Spike s’arrêta net. A quelques mètres devant lui reposait l’épave du Spike Fighter. Ein s’était arrêté et s’était assis au pied de l’appareil.
- Waf ! Waf ! s’exclama-t-il tout fier de lui.
Pour couronner la scène, une épaisse touffe de cheveux sortit du cockpit du chasseur délabré.
- Spikouuu ! Enffin. Fe me femandais fe que fu faisais ! s’exclama Ed un sandwich plus gros qu’elle dans sa bouche.

-Excuse moi, mais j'avais vraiment faim, tu peux pas imaginer comme j'avais faim! s'exclama Ed.

-Je crois que si... répondit Spike.

-Ha tu en voulais aussi?

Elle sortit un autre sandwich , plus petit que le sien et le tendit à Spike qui l'attrappa et mordit un grand coup dedans.

-Hihi Spikouuuu tu manges vraiment comme un bantah!

Voyant à quel point jeune homme avait faim, elle lui laissa le reste de son sandwich et alla chercher un peu d'eau pour éviter qu'il ne s'étouffe.

- Alors Spikouuuuu, on fait quoi maintenant?

-Dis Spikouuu, tu crois que ton espadon pourras encore voler?? Parce que je crois qu'il est abimé.

Spike ne répondit pas.

-Mais si tu veux, on peut partir en speeder, moi j'adore le speeder, parce que c'est super rapide et puis en plus il va très très vite parce que su tu veux vraiment faire voler ton espadon, il faudra le réparer, et ça, ça va être super long et ton vaisseau est de toute façon répertorié dans la liste "Tir à vue" de l'empire et dis Spikouuu, c'est quoi un espadon?

Spike regarda Ed. Un regard sans expression, dépité.
- Oui, quelle bonne idée. Partir en hyperespace avec un speeder. Par ctre, ton speeder sentait un peu mauvais, il faudra donc voler les fenetres ouvertes...

Ed s'entousiasma aussitôt, ne décelant aucune ironie. elle bondit aussitôt du cockpit, fit une sorte de roulade improbable et courrut vers le speeder.
Spike s'approcha de son Espadon. Il ne lui fallut pas longtemps pour l'inspecter. Ceux qui l'avait piller étaient tout sauf des professionnels. La moitié des appareils étaient encore là, en morceau, mais aucun n'avait été laissé intact ! L'hyperpropulseur, certainement l'appareil le plus cher, était encore là mais quantité de fils et composants avaient été arrachés. Spike n'y connaissait peut-etre pas grand chose en mecanique mais là il y avait de quoi avoir pitié de tels voleurs aussi peu doués!

Un excellent bricoleur comme Jet, feu capitaine du BP, ou même Litea, aurait peut-etre pu faire redemarrer le chasseur avec un minimum de piece detachees. Certainement pas le rearmer et retablir l'hyperpropulsion mais juste assez pour pouvoir le faire decoller et embarquer ds un gros cargot...

Mais Spike etait seul. Pire. Il etait seul avec un Welsh Corgy et une gamine !

Ed avait branché I-Pyu sur une console de l'espadon encore fonctionnelle. Elle regardait l'écran avec attention. Nul ne saurait dire si c'était de l'humour ou une fonctionnalité de scan d'état mais l'écran présenta ce qu'on aurait pris pour un électro-cardiogramme qui ne laisserait rien présager de bon s'il avait été celui d'un être vivant muni d'un coeur.

"Yohooo, Spikouuu, ton vaisseau a eu bobo, tu connais un réparateur dans le coin? Hé mais j'ai une idée, pourquoi on le répare pas, comme ça on pourra voler avec et partir loin, c'est gris et ça sent mauvais ici."

Elle jeta un regard circulaire sur l'endroit, elle n'avait pas tort.

"Je n'aime pas cette planète et ses habitants." dit-elle.

"Ed... dois-je te rappeler que tu es née ici? répondit Spike.

"Mais je suis pas née ici, d'abord c'était ya super longtemps, et puis ensuite yavait un parc pas loin. Tu vois un parc ici toi? Alors dis n'importe quoi.

Et elle replongea dans sur son droïde-ordinateur portable...

Spike devisagea longuement la gamine.
- Reparer le Spike Fighter, commenta-t-il finalement, quelle bonne idée... Et qui va le faire ? j'en suis incapable et je ne te laisserai très certainement pas y toucher. Et d'ailleurs, il manque des tas de pièces détachées etc.

Ed n’écoutait pas le pilote. Elle s’était plongée la tête la première dans le cockpit de l’appareil et pianotait sur son ordi, les pieds suspendus en l’air, battant l’atmosphère pollué des bas-fonds.
- Alleeeeeeer, I-pyuuuuuuu… Voooilaaaaa… Et hop !
Elle ressortit de l’appareil et afficha un grand sourire face au regard noir de Spike.
- Ca y est Spikouu, j’ai réussi à savoir où est passé le moteur d’hyperdrive. C’est un ferailleur pas très loin qui a racheté les pièces les plus utiles.
Le regard du pilote fut éloquent même pour Ed, aussi se sentit-elle obligée d’ajouter :
- C’est les traceurs que j’ai insérer dans chacun des éléments principaux de ton chasseur qui me l’ont dit.
Le regard de Spike se fit encore un peu plus sévère.
- J’ai fait tout ça l’an passé, avant que tu me dises de ne jamais toucher à ton chasseur. Avant tu m’avais juste de ne jamais toucher au Spike Fighter mais je ne savais pas que c’était ton vaisseau… et puis de toute façon j’avais mis des gants donc je l’ai pas touché ! Et Ein aussi trouvait que c’était une bonne idée !
Spike ne répondit pas. Il savait qu’il ne pourrait avoir le dessus sur le résonnement de la gamine.

"Le ferrailleur a son magasin à seize blocks d'ici, il s'appelle Bruce Liwis, enfin c'est ce qu'il y a marqué dans son casier judiciaire impérial."

"Ils lui reprochent quoi précisément?" demanda Spike.

"Attend je fouille son casier... il a été militaire... mmmh voilà, insubordination, mutinerie, destruction de biens impériaux, vol de chasseur de combat, meurtre, haute trahison, terrorisme... et... heu non excuse moi, en fait ça c'est le tien de casier judicaire, hihihi je l'avais gardé dans mes favoris, que je suis bête parfois!
En fait il est bien moins bon que toi, lui il a juste recel de bien appartenant à l'empire. J'ai fouillé son stock et la plupart des pièces de ton vaisseau qui sont passées chez lui y sont encore, toutes sauf deux qui ont disparues, mais aucune trace des ventes, je crois qu'il bidouille ses comptes."

Ils se mirent en marche dans la direction montrée par Ed et débouchèrent vers ce qu'on aurait pu appeler une rue commerçante. Des étalages de fortune étaient présentés ça et là avec tout et n'importe quoi à vendre, cela allait de pièces de droïdes plus ou moins légales aux armes de guerre trafiquées totalement illégales. Des vendeurs ambulants enveloppés dans de grand manteaux abordaient les gens sans les regarder pour leur proposer des épices aux effets divers. Des gargottes improvisées étaient squattée par des gens à l'allure douteuse.

Ils arrivèrent enfin à destination. Le ferailleur possédait une arrière cour protégée par une palissade trouée. Elle contenait des carcasses d'engins et des objets métalliques en tout genre, entreposés pêle mêle, si bien qu'on aurait dit une décharge. La cour était surplombée par une grue rouillée, elle était munie d'un puissant aimant qui lui permettait de déplacer les plus gros morceaux. Plusieurs clients parcouraient l'endroit à la recherche d'une improbable bonne affaire tout en essayant de ne pas se faire faucher par l'aimant quand celui-ci balayant la cour.

Ed s'approcha d'un panneau à l'entrée de la boutique et se mit à lire.

" Ha ben mince, c'est payant!"

[HJ]Mieux vaut tard que jamais, exit la prison depuis longtemps, rendez-vous dans les bas-fonds[/HJ]