Dans le fin fond des geoles impériales

Là où croupissent les prisonniers oubliés, abandonnés à une mort certaine à plus ou moins court terme...

Combien de jours ou de semaines ? Spike avait perdu toute notion du temps, complètement coupé de toute lumière naturelle. Il avait bien tenté de se faire passer pour un impérial lors de la « prise » du Black Pepper mais le subterfuge n’avait pas duré longtemps. Sans papiers sur lui lors de sa capture, Spike avait été torturé et interrogé puis considéré comme insignifiant. Depuis, il pourrissait dans une infâme geôle impériale, perdue dans les bas-fonds de Coruscant. Oublié. Ed n’était pas restée avec lui et Spike en venait même à s’inquiéter pour la pauvre petite. Et Julia ? Avait-elle finalement pu s’en sortir ? Sinon, Spike se serait sacrifié en vain… Etait-elle en sécurité avec Litea… et Hawk’s ? Et qu’était devenu ce sale cabot de Ein ?

Spike se ressaisit. Commencer à s’inquiéter ne servait à rien. L’ancien pilote se redressa et se mit debout. Toutes ses articulations le faisaient souffrir, comme rouillées par l’humidité ambiante et le manque d’activité. Il fit quelques pas en direction de la lourde grille en fer. Ses quelques compagnons de cellules s’éloignèrent sur son passage. Il faut dire que dès son arrivée, Spike avait montré qu’il savait s’énerver sur le petit caïd de la cellule qui avait voulu le provoquer. Depuis, personne ne lui parlait mais personne ne venait non plus lui chercher querelle. Les mains sur les barreaux froids, il se pencha vers la serrure électronique. Autant chercher une puce dans la fourrure d’un bantha plutôt que d’espérer la déverrouiller.

Spike allait dépérir ici. On avait oublié de le condamner à mort ou, plus sadique, on l’avait condamné à une mort lente. Son seul regret serait de ne pas revoir une dernière fois le sourire de Julia. Mais puisqu’il fallait mourir un jour, après tout…

Spike en était encore à ses sombres pensées quand deux soldats impériaux s’enfoncèrent dans le couloir en sa direction. Derrière eux, un homme à la longue chevelure. Le visage de Spike se durcit encore un peu plus quand l’un des gardes héla son nom. Tout bien réfléchi, Spike aurait préféré rester oublié ici. Surtout qu’il reconnaissait trop bien la silhouette derrière les gardes. La voix se fit faussement mielleuse :
"Spike Arrow, mon vieil ami. Que nous vaut l’honneur de ta présence en ses lieux ? Je me disais bien qu’il ne devait pas y avoir beaucoup de pilotes de chasseur assez irréfléchi pour jouer au cow-boy entre les immeubles de la capitale de cette Galaxie… et se permettant même le culot d’abattre deux chasseurs Tie…
- Trois ! Trois chasseurs Tie, pas deux, répondit Spike tout naturellement. Vince ! Tu as de la chance qu’il y ait ses barreaux entre nous, sinon…
- Sinon rien du tout. Gardes, passez-lui les menottes et emmenez-le avec moi en salle de torture. Je sens que nous allons passer un bon moment tous les deux. "

Spike n’essaya même pas de résister. Il attendait la mort le plus calmement du monde, regrettant juste qu’elle ne soit pas rapide.

Spike avait les menottes aux poings. Acceptant la fatalité, il marchait entre les deux gardes. Quelques mètres devant lui, Vice menait le groupe, un sourire sadique sur les lèvres. Brusquement, un prisonnier se jeta sur sa grille : "A boire…", cria-t-il dans un Basic approximatif. Vice s’arrêta et dévisagea ce prisonnier un peu trop téméraire à son goût. Celui-ci hésita, lâcha les barreaux et recula légèrement. Le sourire de Vice s’agrandit. Il sortit son pistolet blaster Sek-3 de SoroSuub, le même que Spike portait à sa ceinture il n’y a pas si longtemps… un souvenir du BSI, les services secrets impériaux. Le tir éclaira le couloir obscur. Le pauvre prisonnier tituba en arrière puis s’écroula sur le sol, la poitrine portant la large marque de l’impact. Mort.
Regardant Spike, son sourire cynique toujours gravé sur le visage, Vice conclut :
"Il n’aura plus soif maintenant. Tu vois, moi aussi il m’arrive d’aider mon prochain.
- Tu n’as décidément pas changé", commenta simplement Spike. Sa voix acceptait la barbarie sadique de son ancien compagnon d’arme.


Le groupe reprit son avancée. Dans les cellules, les prisonniers s’éloignèrent des grilles, s’enfonçant au plus noir de leur cellule. La crainte pouvait se lire sur leur visage. Ceux qui restaient ici un peu trop longtemps devaient perdre toute velléité ou tout espoir de rébellion. Ces geôles, leur odeur et leur atmosphère oppressant valaient tous les lavages de cerveaux de la Galaxie.

Le turbo-ascenseur montait à pleine vitesse. Les deux gardes se sentaient clairement mal à l’aise, comme s’ils se trouvaient à la place de leur prisonnier. Spike, lui, au contraire restait serein. Les deux battants de la porte s’ouvrirent sur une petite salle. Un homme était penché sur une sphère droïde d’une quarantaine de centimètres de large. Spike reconnut sans peine la sphère de torture.
L’homme se redressa et se mit de suite au garde-à-vous. Il était habillé d’une combinaison noire et avait plus l’air d’un mécanicien que d’un soldat. Pour autant son garde-à-vous était impeccable. Le regard était froid et sans âme. Vice invita Spike à entrer dans la salle où de nombreux instruments de tortures décoraient les murs. Certains, âgés de plusieurs siècles. Il y en avait pour tous les goûts et la plupart n’étaient pas du tout des appareils de torture réglementaires impériaux. Spike sourit : Vice avait toujours eu sa vision des règlements. Peut-être était-ce même ça qui lui avait valu une si belle carrière… Agent émérite du BSI, il faisait souvent du zèle quand il s’agissait d’interroger un suspect mais ces méthodes étaient plus qu’efficaces.
Il entra dans la pièce à la suite de Spike et renvoya les deux gardes tremblants, tout heureux de retourner à leurs occupations. Bien que craint et respecté, Vice n’avait pas forcément bonne réputation auprès de ses collègues impériaux. Il faut dire que déjà à l’époque, se souvenait Spike, ses méthodes froides et drastiques n’affectaient pas que les ennemis de l’Empire.

Vice se tourna vers Spike avec un regard satisfait.
"Bien. Par quoi allons-nous commencer ?
- Si tu me disais déjà ce que tu me veux…"
- Rassure-toi, je n’ai rien contre tes amis. Ce que je veux c’est Julia et rien d’autre."

Le mécano s’approcha, le regard toujours vide de sentiments. Il hésita tout de même un instant avant de prendre la parole :
"Monsieur, les modifications que vous m’avez demandées sur la sphère son prêtes. Je pense que les ajouts vous donneront satisfaction.
- Bien. Très bien mon ami. Chef mécanicien, Eron, je vois qu’une fois de plus je suis très content de vous."

Le mécanicien afficha un sourire à glacer le sang d’un Bantha. Il hocha la tête, s’éloignant vers la sortie de la salle, avant de s’arrêter.
"Oui, Eron ?
- Je… Monsieur, je voulais vous dire aussi. L’autre homme… Il n’a pas tenu le coup il a succombé, il y a un peu moins d’une heure."
Le chef mécanicien baissa la tête, craignant la réaction de Vice. Celui-ci laissa un silence pesant s’installer avant de répondre, comme pour augmenter l’inquiétude du mécano. Finalement, il se décida :
"Bah. Il ne nous était pas très utile de toute façon… Et puis, il nous avait été apporté déjà bien amoché. Il ne nous aura même pas apporté de quoi nous amuser. Débarrassez-m’en. Vous indiquerez au docteur qu’il est mort de ses blessures, bien sûr.
- Très bien, Monsieur."

Le mécanicien se dirigea vers un siège allongé d’où il détacha un corps inerte. Il le prit sur ses épaules et l’emmena avec lui vers le turbo-ascenseur.
Le visage de Spike, jusqu’alors impassible, se tendit, jusqu’à afficher toute la colère qu’il avait maintenue en lui…

"Mike ! C’est le troisième pilote de chasse que j’ai abattu ! Que fait-il là ?"

La voix de Spike avait perdu de son calme et le rictus de satisfaction sur le visage de Vice ne fit qu’augmenter ceci.
"Je vois que les présentations ne sont pas nécessaires…
- Que fait-il là ? Quel traitement lui as-tu réservé ?
- Rien de bien méchant rassure-toi. Je l’ai juste interrogé pour savoir ce qu’il en était des autres membres de ton équipage de pirates de bas-étage… Il aura beaucoup crié mais il n’avait vraiment rien à nous apprendre. De toute façon, un peloton d’exécution l’attendait pour haute trahison. En lui permettant un interrogatoire, je lui ai permit de vivre quelques jours de plus.
- Finalement, je retire ce que j’ai dis : tu es décidément encore plus cinglé qu’avant.
- Merci, conclut simplement Vice. Mais sache qu’il est mort par ta faute, pas par la mienne. C’est toi qui l’a invité à bord du Black Pepper, pas moi."

Les muscles de Spike se tendirent, tirant sur les menottes. Les paroles de Vice avaient touché juste. En voulant emmener son ancien camarade de promotion, devenu pilote de chasse impérial, pour le sauver, Spike avait signer son arrêt de mort.

Comme réveillé par cette image, Spike attaqua Vice avec ses pieds laissés libres.
Evidemment, Vice s’attendait à une réaction et il para les premières attaques de son prisonnier. Mais le jeune pilote était plutôt doué au combat, même sans être armé et, l’énergie comme décuplé par la situation, son pied, dans un superbe mouvement de bas en haut, vint heurter le visage du tortionnaire. Le sang commença à couler de son nez. Un sourire mauvais s’afficha de nouveau sur son visage.
"Ah, on se rebelle ! Tu sais que j’aime bien ça… C’est très gentil à toit de me faire plaisir."
Alors que Spike retournait à la charge, il recula, tout en dégainant son Sek-3. Il le mit sur paralysant et à bout portant n’eu aucun mal à atteindre son adversaire rebelle.

Spike s’effondra sur le sol, inconscient.

Quand il se réveilla, il était allongé sur un fauteuil, les pieds et les mains solidement attachées.

Spike ouvrit les yeux. Sa tête le faisait souffrir. Terminer ses quelques jours ou semaines d’emprisonnement et de privation par un tir de blaster, même paralysant, n’avait rien d’agréable. Les yeux s’adaptèrent un peu plus à la faible lumière de la pièce. Spike se trouvait allongé, attaché sur un fauteuil, au milieu de la petite salle de torture.

D’un seul coup, une immense lumière noya les yeux de Spike. Un énorme projecteur venait de s’allumer à quelques centimètres au-dessus du visage de Spike.
"Rebonjour, salua la voix moqueuse de Vice. Alors on se réveille enfin. Ne ferme pas ainsi les yeux à la lumière. Moi qui pensais te faire plaisir après ces longues journées enfermées dans l’obscurité. Je suis très déçu, tu sais…"

Spike, comme provoqué par la voix sarcastique de son ancien compagnon, essaya d’ouvrir de nouveau les yeux mais, éblouis par l’intense lumières, il se refermèrent aussitôt, retenant difficilement quelques larmes.

"Où est Julia ?"
Ce fut la seule question que posa Vice.

Spike n'avait aucune idée de la réponse à cette question mais son esprit était ailleurs. Il n'esperait qu'une chose : en finir le plus vite possible.
Malheureusement pour lui, Vice était passer maitre dans l'art de la torture et chaque nouvelle douleur le laissait suffisamment conscient de la douleur suivante, encore plus insupportable, à venir.

L'interrogatoire avait duré plusieurs heures. La resistance de Spike avait été surprenante, surtout face à un Maitre en matiere de torture.
Finalement, le jeune pilote avait sombré dans l'inconscience.

Vice lui murmura tout de meme quelques mots dans le creu de l'oreille. Une voix douce qui aurait pu etre agréable pour qui ne la reconnaissait pas :
"Tu as bien résisté, ex-partenaire. Tu as bien résisté. J'avoue que j'avais prevu de commencer doucement... Mais puisque tu insistes, nous allons augmenter la dose... Je sens que nous allons bien nous amuser demain et dans les jours à venir. A vrai dire, j'espere meme que tu ne craqua pas trop tot. Ca m'enleverait tout le plaisir...
Je te laisse ici pour la nuit. Il n'y fait pas trop chaud, c'est vrai mais je te connais tu n'es pas genre à te plaindre et tu t'en contenteras...
Repose-toi bien et prends des forces. Je puis t'assurer qu'il t'en faudra pour demain..."

Sur ce Vice s'éloigna, laissant résonner un rire perveres. La porte se verouilla derriere lui et Spike resta seul dans le noir.

Depuis combien de temps Spike croupissait-il dans cette salle de torture. Quelques jours ? Quelques semaines ? Plusieurs mois ? Il n'en avait absolument aucune idée. Coupé de la lumière du jour la seule luminosité à laquelle il avait droit était cet horrible projectuer aveuglant pendant certaines seances de traitement particulier.
Spike n'avait toujours rien lâché mais il ne se souvenait même pas de ce qu'il ne devait pas dire... Il etait persuadé que Vice n'avait pas eu ce qu'il voulait puisque les journees de torture continuait et le sourire sadique du tortionaire avait été peu à peu remplacé par un rictus d'inquiétude : peut-être que finalement Spike ne savait rien...

Le fait de savoir son amie echappée etait la seule chose qui rattachait Spike à la vie. Peut-etre le desir aussi de ne pas mourir comme ça mais plutot à bord de son chasseur ou son Sek-3 à la main.

Spike était méconnaissable. Déjà plutôt fluet avant le début de son traitement de faveur, il avait perdu plus d'une dizaine de kilos. Sa peau devenue d'une pâleur extreme s'entachait de nombreuses traces de brûlures et de cicatrices. Aucun organe n'avait été touché de façon irréparable masi Spike se sentait incapable de faire le moindre mouvement. Lui qui avait toujours accepté la mort avec une telle insouscience regrettait maintenant de la voir arriver ainsi. Si seulement j'avais pu mourrir avant...

VICE était dans son bureau d’officier, tout près de la salle de torture. Cette satanée tête de mule de Spike allait bientôt lui attirer des ennuis. Plus d’un mois d’interrogatoire musclé et rien… Et encore, il avait récupéré sa cible déjà bien conditionnée avec un bon bout de temps passé à croupir en geôle. Peut-être qu’après tout il ne savait rien, comme le lui avait suggéré l’un des gardiens de la zone. Ledit gardien n’était plus de ce monde pour argumenter son point de vue mais la colère de VICE et la lame de son katana passée en travers du malheureux n’avaient pas suffi à tempérer sa frustration. Au contraire, cela lui avait une fois de plus apporté quelques remontrances : On est pas dans la bordure ici… On ne supprime pas un soldat sans procès… etc. etc.
VICE avait beaucoup d’ennemis, surtout dans sa hiérarchie et même si pour le moment, ils n’osaient rien, rester trop longtemps sur Coruscant avec un interrogatoire inefficace n’allait pas lui apporter que des louanges.
C’était la première fois que quelqu’un lui tenait tête… et il fallait que ce soit Spike…

VICE se leva, jetant sa chaise contre un mur. Tout ceci n’avait que trop duré Cette fois, Spike allait parler ou sa vie n’irait pas plus loin.

Spike en était à s’imaginer de quelle façon il pourrait abréger ses souffrances en se donnant au plus tôt la mort. Plus rien de glorieux dans ses pensées. Il ne s’agissait que de stopper ce cauchemar qui n’avait que trop durer et si mourir sans gloire était la seule solution et bien tant pis.
Mais Spike était coincé, ligoté, affaibli, le moindre mouvement de ses doigts lui provoquait une douleur atroce qui se répercutait dans chacun des nerfs de son corps. Il n’était plus que souffrance. Ne pouvais plus dormir. Respirer même lui causait une douleur atroce.
Il avait d’ailleurs essayer de s’arrêter d’ingurgiter de l’air, espérant ainsi stopper d’une manière définitive ses souffrances. Mais son inconscient ne l’avait pas entendu ainsi et lorsque sa volonté avait flanché et ses poumons englouti d’un seul coup une grande quantité d’oxygène, la douleur avait été encore plus insupportable.
Depuis, Spike végétait, incapable d’agir. La douleur l’empêchait de dormir et son visage était marqué par la fatigue autant que la souffrance.
Une chose étonnait tout de même Spike, enfermé dans l’obscurité totale depuis un long moment, plusieurs jours certainement. Pourquoi VICE n’était-il pas revenu s’amuser avec lui depuis si longtemps….

Une pane informatique ! D’accord, VICE avait emmener son prisonnier dans une prison souterraine qui ne disposait pas du tout meilleur système de protection, afin de pouvoir disposer de quelques largesses quant au traitement qu’il réservait à son petit protégé… mais tout de même. Les infrastructures étaient censées être inviolables.
Malgré son inquiétude, VICE restait plus calme et froid que jamais. Après plusieurs heures d’attente, le chef mécanicien arriva enfin :
- Chef, je viens de faire le point chef.
Sa voix était affreusement tremblante. On aurait dit qu’il affrontait la mort en personne. Le regard austère de VICE ne le rassura aucunement mais il s’obligea à poursuivre.
- Le système central d’alimentation nanoélectronique est en stand-by. Un virus inconnu. Le système secondaire est limité et nous ne pouvons assurer une sécurité à 100%… Je… Nous faisons notre possible pour que ce soit rétabli au plus tôt…
- Au plus tôt ? Et tu viens me voir sans résultats probants ?
La voix était glaciale aussi tranchante que le katana qui pendait à sa ceinture. Le chef mécanicien avala difficilement sa salive. Sa gorge ne s’était jamais aussi resserré. VICE avait sorti son sabre. D’un geste brusque, la lame s’envola vers la gorge du pauvre mécanicien. Elle s’arrêta aussi soudainement à quelques millimètres du cou.
- 1 heure ! Je veux que tout soit rétabli dans une heure, sinon ma lame ne s’arrêtera pas ! Et prenez des mesures pour que ce genre d’incident ne se reproduise pas !
Le chef mécanicien n’en demanda pas plus et partit d’un pas précipité. VICE marqua un temps d’arrêt. Il l’avait laissé en vie… Peut-être que la capitale le ramollissait. Il rangea sa lame et héla l’un des deux gardes de la pièce.

- Redoublez le nombre de gardes dans l’enceinte de la prison. Je veux tous les hommes à leur poste et sur le pied de guerre.
Un ordre qui sembla exagéré. Une pane informatique ne justifiait pas un branle-bas de combat. Et qui serait assez fou pour attaquer une prison impériale en plein Coruscant ? Cela dit, le soldat garda pour lui ses commentaires et se pressa d’obéir.

Plongé dans le noir impénétrable de la salle de garde dans laquelle il croupissait depuis si longtemps, Spike avait eu à de nombreuses reprises des hallucinations. Pourtant il en était sûr ce bruit sourd qu'il avait entendu n'en était pas une. Cela avait tout l'air d'être une explosion.
Sans même y reflechir, Spike se laissa se remit à essayer de défaire ses liens qui lui retenaient solidement les mains. Plus si solidement que ça finalement. Les deux lanieres n'avaient pas été resserrée depuis qu'il etait là et était devenue plus laches au cours des semaines. De plus, Spike avait tellement perdu de poids que ses freles poignées nageaient maintenant dans ses liens.
Cela dit, defaire ces liens n'était pas envisageable et Spike abandonna rapidement. Autant tenter de chercher une nanopuce dans la fourur d'un bantha.
Un nouveau bruit sourd au loin. Personne n'aurait pu l'entendre en theorie, isolé dans cette salle reclue mais les semaines d'enfermement privé de la vue avait aiguisé les autres sens de Spike. Il se passait quelque chose dans cette prison, c'était maintenant certain..
C'était l'occasion ou jamais de forcer le destin.
Forcer le destin signifiait d'ailleurs autant forcer un soldat à lui accorder une mort rapide que tenter une impossible évasion.

Spike tira d'un coup tres sec sur son bras. Une douleur atroce au poigné lorsque la main bloqua contre le cuir du lien. Spike n'en pouvait plus mais força encore et cette fois la main glissa à travers le lien. Spike etouffa un cri et reteint ses larmes de couler. La douleur etait insoutenable mais sa main droite etait maintenant libre. Tres certainement endommagée mais libre.

Spike passa de longues minutes à essayer de libérer son autre main. Lorsqu’il y parvint, il était à bout d’énergie et ses pieds étaient encore solidement accrochés.
A à peine un mètre de lui, la table de commande. Si Spike pouvait l’atteindre, il pourrait se libérer. Le jeune pilote commença à se pencher et se rendit vite compte qu’il devrait descendre de son siège pour atteindre la console. Il se laissa donc tomber de son siège et s’agrippa de justesse à la console, les jambes tordues et les pieds toujours accrochés derrière lui. Les bouts de ses doigts n’étaient plus qu’à quelques centimètres de la commande pour le libérer. Spike tendit les mains étirant au maximum son corps. Plus que 3 cm. 2 cm. Il allait atteindre le bouton rouge qui le libérerait. Ca y est ! Spike était persuadé d’avoir gagné quelques centimètres dans la manœuvre et ses deux chevilles étaient maintenant entaillées par les deux lanières mais le bout de son majeur appuya finalement sur ce fameux bouton au prix d’une intense douleur.
Malheureusement, rien ne se produisit. Spike rappuya frénétiquement à plusieurs reprises sur le bouton. En vain. Pas de jus.
Dépité, Spike laissa son corps s’écrouler sur le sol sans plus aucun espoir, les pieds toujours accrochés sur le siège en hauteur.
Le sas s’ouvrit soudain et une torche électrique balaya la salle pour s’arrêter sur son siège où ne restait plus que ses pieds en sang.

VICE avait conservé son calme et sa froideur si reconnue. Pour autant, il fulminait intérieurement. Plus de 15 minutes privé de tout appareil électronique. Cette panne était inadmissible et l’incompétence des hommes de la prison plus encore. Les sanction allaient pleuvoir.
Cela dit, avant la phase de représailles, il s’agissait d’aller s’intéresser de près à son prisonnier. Les quelques explosions qu'il avait perçues, même si elles étaient officiellement dues aux surcharges électroniques des réparations, n’auguraient rien de bon.
Au détour d’un couloir, il aperçut un mécano en train de s’affairer à maintenir l’éclairage rouge de l’alarme. Lorsqu’il aperçut VICE, il se mit à trembler et rata sa manipulation. Le couloir fut cette fois complètement noyé dans le noir. VICE alluma sa lampe torche et la braqua sur l’homme d’une blancheur encore plus flagrante au milieu de cette obscurité.
- Pardon, balbutia-t-il, je… je vais remettre la lumière…
- N’y’ a-t-il pas plus urgent que cette lumière ? Les système de sécurité sont-ils opérationnels ?
- Eux… c’est à dire que je ne suis électricien et ne suis pas affecté à ces problèmes.
VICE plongea son regard noir dans les yeux dramatiquement inquiets de l’employé. Cette fois, VICE avait perdu sa voix calme et son haussement de voix n’en était que plus froid.
- Je n’ai que faire de l’éclairage ! Vous allez immédiatement vérifier tous les systèmes de sécurité de cette prison. Vous serez personnellement responsable de la moindre tentative d’évasion.
Le mécanicien ne répondit rien mais recula de quelques pas, trébuchant contre son escabeau. Il se retourna aussitôt et après un médiocre salut militaire partit au pas de course.

VICE arriva enfin devant la porte de la salle de torture. Celle-ci s’ouvrit sans problème mais VICE grimaça en se rendant compte qu’elle n’était pas verrouillée. Sa torche électrique balaya la salle et s’arrêta sur le fauteuil de son prisonnier : vide !

Spike avait finalement réussi à se détacher.de son siège et s’était laissé tomber lourdement sur le sol dur et froid. A peine eut-il senti le choc que le sas de la salle s’ouvrit. Spike réfréna sa curiosité et resta dissimulé derrière son siège. Un faisceau de lumière balaya la salle. Au loin des bruits de blaster. Se pourrait-il que la prison soit attaquée ?
- Spike ? appela une voix doucerette que le pilote connaissait trop bien. Ne me dit pas que tu t’es enfui sans dire au revoir ? Non, je n’ose pas imaginé qu’après tant d’années séparés tu te sois ainsi envolé sans dire au revoir.
Un bruit métallique résonna à travers la pièce. Spike reconnu le son caractéristique de la lame de VICE, sortie de son fourreau. Si son ancien compagnon le trouvait c’était la fin. Et aussi sûr que Spike attendait la mort presque avec envie, il se refusait à laisser à VICE la joie de la lui accorder. Mais comment s’en sortir, sans arme et si affaibli ?

Un bruit providentiel vint sauver Spike. Les cris de blaster s’étaient rapprochés dans les couloirs. Deux d’entre eux fusèrent à travers la pièce. VICE bondit de côté et échangea son katana pour son blaster Sek-3 plus conventionnel.
La bataille faisait donc rage dans les couloirs de la prison…

Si VICE avait horreur d’une chose, s’était bien d’être épaulé par des incapables. Il avait ordonner que l’on redouble de vigilance et voilà que la prison était attaquée. Quelques tirs de blaster plus tard, deux individus se trouvaient au sol devant lui et le couloir semblait dégagé. VICE se pencha rapidement sur ses deux victimes. Vu leur tenue vestimentaire, il ne s’agissait aucunement de soldats mais plutôt de menu-frottin survivant dans les bas-fonds. Que faisaient-ils ici ? Cette prison n’était très certainement pas la plus sûre ni la principale de Coruscant mais de là à ce qu’un groupe de téméraires s’y infiltrent… Et d’ailleurs, ils n’avaient pas du tout l’allure d’être capable de mettre hors service un système de sécurité.
L’un des deux remua légèrement. Le sabre katana de VICE lui traversa la gorge avant que son possesseur ne se dise qu’il aurait pu l’interroger. Décidément, VICE devenait un peu trop impulsif.
Cela dit, l’officier du BSI avait bien plus urgent que de s’apitoyer à ce genre de détails. Il repartit en direction du PC central afin de remettre un peu d’ordre dans tout ça.

Spike venait de voir VICE repartir de la pièce. Le sas refermé, il se retrouva de nouveau plongé dans l’obscurité. Spike n’espérait plus qu’une chose : trouver une arme quelconque et affronter VICE. Au moins obtiendrait-il une mort plus décente et surtout plus rapide. Spike se releva difficilement et eut toutes les peines du monde à atteindre le sas. Il essaya en vain de l’ouvrir. Evidemment, comment avait-il pu espérer ainsi pouvoir sortir de cette pièce ? Il se laissa affaler sur le sol quand il se rendit compte que l’une des caméras s’orienta vers lui.
Aussitôt, le sas devant lui s’ouvrit comme par miracle. Dans la coursive, personne hormis les deux cadavres laissés derrière lui par VICE. Sans vraiment comprendre, Spike s’aventura à son tour dans la coursive. A peine avait-il parcouru quelques mètres que le sas se referma derrière lui. Au même instant, deux autres portes se refermèrent, forçant Spike à prendre sur la droite. Spike marcha quelques mètres en s’appuyant tant bien que mal le long des murs d’aciers. Son corps lui faisait ressentir le moindre effort mais le jeune pilote se força à avancer malgré tout. Il arriva finalement à une impasse. Le sas devant lui était fermé mais avant qu’il n’ait eu le temps de se demander ce qu’il devait faire, que le conduit d’aération dégagea une très forte quantité de vapeur d’eau.

Instinctivement, Spike se laissa tomber sur le sol. En quelques secondes, la grille du conduit vola sous la pression. Le jet stoppa de suite. Un air frais s’écoula alors doucement du conduit.
Sans trop y réfléchir, Spike escalada difficilement la parois et s’engouffra dans le conduit ainsi ouvert…

VICE arriva enfin au PC Central, après avoir été bloqué trois ou quatre fois par des sas se fermant juste devant lui sans raison. Son arrivée jeta un froid dans la salle plongée dans une obscurité partielle. Les regards des officiers plongèrent dans la contemplation de leurs bottes plus ou moins bien cirées ou de leur consoles informatiques éteintes.
- Qui peut me dire où en est la situation, demanda un VICE plus froid et calme que jamais.

Les regards s’éloignèrent encore un peu plus, si cela était possible, de celui de VICE. Le silence était de plus en plus pesant quand un sous-lieutenant déboula dans la pièce, l’avant-bras gauche légèrement brûlé. Il allait visiblement dire quelque chose quand son regard aperçut VICE.
- Et bien qu’y a-t-il ? demanda celui-ci toujours avec sa même voix glaciale.
- Sir, nous avons mis en déroute les assaillants. Nous comptons deux blessés graves et quelques blessés légers dans nos rangs.
- Je me fiche de ces détails, répliqua VICE. Qu’en est-il des assaillants, avez-vous pu en attraper vivant et les interroger ?
- Non, Sir, je crois… pardon, je sais qu’ils ont tous succombés dans l’assaut. Euh, Sire, si je puis me permettre. Je crois qu’il ne s’agissait pas véritablement d’une attaque très bien organisée. Une révolte de réprouvés des bas-fonds, plus, même s’ils ont attaqué en nombre.
- Pas très bien organisée ? Et le système informatique n’a toujours pas été rétabli ? Comment expliquez-vous cela sous-lieutenant ? Vous avez de la chance que je sois de bonne humeur et ne vous blâme pas pour ne m’avoir récupéré aucun prisonnier. Organisez vos hommes. Qu’ils me vérifient toutes les cellules une par une ! J’espère pour vous qu’il ne manquera aucun de nos charmants pensionnaires.

VICE allait faire demi-tour quand un sergent affilié aux communications osa prendre la parole :
- Sir. Je… Je crois que vous serez intéressé de savoir que la prison centrale de Coruscant a eu vent de cette attaque. Le général Van Dred est en route et sera là d’ici une heure.

VICE ne répondit pas immédiatement. Il connaissait Van Dred. Il n’aimait pas cet homme un peu trop à cheval sur les réglements… Et le général ne l’appréciait pas non plus. Même s’il n’avait aucun pouvoir légal sur un officier du BSI, VICE savait très bien qu’il avait le bras suffisamment long pour lui faire regretter une ingérence dans cette prison.
- Et bien, je veux que tout soit remis en ordre dans trente minutes ! ordonna VICE. Et je vous préviens, il y aura des sanctions. Cette histoire n’est pas terminée.

VICE tourna le dos à la pièce et retourna à son prisonnier. Il devait le mettre en lieu sûr avant que ce général ne s’arrange pour le lui voler.

Spike rampait de plus en plus difficilement à travers les conduits. Sans trop réaliser s’il avait eu raison de le faire, il avait chaque fois suivi la seule coursive éclairée qui s’offrait devant lui. Les faibles lumières s’éteignaient au fur et à mesure devant lui, tout comme elles s’allumaient à peine quelques mètres devant lui. C’était comme si la lumière voulait le guider.
Spike avait conscience que cela était parfaitement absurde mais la seule chose qui lui importait était d’avancer tant qu’il le pouvait, jusqu’au moment où la douleur serait plus forte que lui.
Il ne restait que quelques mètres de conduit devant lui. D’ici, il voyait que la grille n’était plus là. Mais il n’en pouvait plus. Cette fois, il avait bel et bien épuisé tout son énergie.

Spike repensa de nouveau à tous les anciens membres du Bebop ; au fait que VICE lui survivrait alors qu’il n’était même pas sûr que Julia s’en soit sorti et à la bouteille de Saké calamarien qu’il avait eu tant de mal à dissimuler dans le Bebop et que personne ne boirait jamais.

Spikouuu !
Une voix électronique réveilla Spike en même temps qu’une brise légère l’atteignit au visage.
Spikouuu !
Une seule personne au monde pouvait ainsi nommer le pilote. Il se força à rouvrir les yeux. Il était toujours allongé dans le conduit d’aération. Encore en vie.
Il ne rêvait pas, une voix électronique imitant difficilement celle de la petite Ed résonnait dans le couloir. Spike se força à ramper jusqu’au bout de son conduit et aperçut son mystérieux interlocuteur : dans le couloir, dans une quasi-obscurité, une image bougeait sur l’écran d’un ordinateur, le « happy face » caractéristique de l’ordi d’Ed.
- Spikouuu, dépêche-toi !